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26/08/2021
La bande-annonce m'avait intriguée mais ma seule expérience de Bruno Dumont au cinéma n'avait pas été très convaincante alors que le film avait bien marché à Cannes ("Ma loute") ce qui n'a pas été le cas de celui-ci, reparti bredouille alors que le président du jury a quasiment doublé tous les prix pour en donner un maximum ! Le casting était pourtant attirant avec Benjamin Biolay (qui vient jouer les utilités, son personnage étant complètement anecdotique), Blanche Gardin (qui sauve le film) et Léa Seydoux que vous aurez l'occasion d'admirer sous tous les plans, de préférence avec une petite larme qui ruisselle sur sa joue gauche (oui, il faut être précis !).

Le thème du film ? Une charge contre les journalistes qui se mettent en scène tout en refusant qu'on leur applique les méthodes qu'ils utilisent sans problème avec ceux dont ils parlent à longueur d'année. J'avais lu que le film était cynique mais je n'avais pas lu qu'il était réalisé par un éléphant adepte des gros sabots ! La connivence entre les politiques et les journalistes, les reportages qui tiennent plus du tournage d'un mini film que d'une immersion délicate sur place, la déconnexion entre la vie de ces stars et celle de ceux qui les entours... tout cela nous le "savons" mais un proposer film rappelant subtilement que nous pouvons l'oublier et nous laisser bercer par "le poids des images" avait du sens.

Malheureusement les scénaristes se sont dit que les spectateurs auraient du mal à comprendre le propos donc il est répété, illustré, énoncé de nombreuses fois de peur que l'on passe à côté. La confrontation de France avec la "vraie vie" se passe au contact d'une famille dans laquelle le père est au chômage, la mère en invalidité et le fils livreur en scooter ; la reconnections se fait en venant prêter main-forte au secours populaire pour une scène franchement gênante tant elle semble là pour permettre à Bruno Dumont de faire un bon mot utilisant le prénom de son héroïne (et de le caser dans la bande-annonce !).

Un film sur la dépression ? Pourquoi mais pas ce n'est pas simple à illustrer : les coups de cafard qui débarquent sans prévenir, la sensation de vise, ... Du coup, nous aurons le droit aux répliques moins fluides et surtout aux larmes de Léa Seydoux, filmées délicatement en GROS plan pour que le spectateur comprenne le chantier dans sa tête. Tout est dit, montré, illustré et si le personnage de Blanche Gardin est le plus intéressant, c'est qu'il ne s'excuse pas d'être là et qu'il garde sa part de mystère : toujours là pour seconder la star, consciente de ce que les spectateurs attendent et ne s'en cachant pas, on ne sait rien de sa vie à côté alors qu'elle aurait été le personnage clef d'une histoire montrant les deux côtés du star-system.

"France" est une éloge de la lenteur, celle qui correspond à la manière de filmer de Bruno Dumont qui laisse sa caméra tourner plus longtemps que les collègues, celle qui illustre que le pire arrive en plusieurs étapes mais de manière irréversible. Celle qui montre aussi tous les manques dans un scénario qui se donne de grands airs mais s'avère bien limité. Dommage car il y avait de quoi faire mais si Blanche Gardin n'avait pas été là, je pense que le le second 0 de Bruno Dumont en deux films vus auraient constitué une première en 20 ans de présence dans les salles obscures !
.O.